Le monde entier a célébré le 01 Mai, la fête du travail ou la journée internationale des travailleurs. En République Démocratique du Congo, cette journée a été déclarée chômée et payée depuis la nuit de temps.
Longue est cette réflexion qui accompagne cette journée au pays de Lumumba en commençant par la manière qu’il faut se démener pour avoir ce travail, jusqu’aux conditions salariales, en passant par les conditions sociales plus déplorable des travailleurs.
Il est parfois difficile voire impossible pour certaines personnes, majoritairement constituées des nouveaux diplômés des universités ou des instituts supérieurs, d’avoir accès à un travail décent ou correspondant à leurs diplômes. Que dire “d’un homme qu’il faut à la place qu’il faut”?. Certains ont ce travail dans la fonction publique, mais sans salaire depuis des années, travaillant comme des “nouvelles unités” ou carrément des “non payés”, une situation qui décourage plusieurs d’entre eux et les pousse à se laisser berner dans les anti-valeurs décriées dans l’administration congolaise.
Que dire en plus de ces personnes qui, jouissant d’une portion de pouvoir, s’octroient 4 à 5 des numéros matricules à eux seuls, alors que certains croupissent dans la misère par manque de salaire même si modique soit-il. Le rapport de l’inspection générale de finances du 27 avril 2023 en témoigne long. Selon ce document, au moins 53 328 agents possèdent à eux seuls plus d’un matricule, 145 604 agents ont des matricules fabriqués et fantaisistes juste pour des raisons de paie. Ceci, juste pour la PNC, FARDC, ainsi que le secrétariat de la fonction, que dire des autres secteurs…?
Faut-il être une République des politiciens
Avec des nominations au sein des différentes entreprises publiques, des secrétariats de différents ministères, tout porte à croire qu’il faut être proche d’une ou telle autre obédience politique pour avoir accès à des postes juteux qui, aujourd’hui, ne font plus objet de méritocratie. Très compliqué est ce témoignage d’un jeune homme détenteur d’un diplôme de licence en droit qui a postulé et passé le test dans un service de l’État qui a lancé un avis pour un projet dans la province, s’est vu débarqué juste parce qu’on devrait honorer la recommandation d’un politique.
En République Démocratique du Congo, l’un des pays où la recherche du travail est devenue la principale occupation des jeunes, les offres d’emploi ne s’affichent dans beaucoup de cas que par formalité d’usage alors que le processus de recrutement a lui-même été déjà conclu à l’interne à l’avantage des proches d’un ou de l’autre Chef.
Faut-il pensé à l’entrepreneuriat, mais pour un fond probable ?
Depuis plus d’un quinquennat, plusieurs personnes conseillent aux jeunes de se lancer dans l’entrepreneuriat et non attendre un travail de la part du gouvernement. Ce qui est une bonne option afin devenir créateur d’emploi, chef de son propre projet, une idée que plus d’un congolais a accueilli avec joie et plusieurs s’y sont lancés. Mais dommage, peu seulement s’en sortent, et arrivent à créer leurs propres business. Interrogés, un habitant de la ville de Kananga au Kasaï central, dit déjà avoir suivi plusieurs formations en entrepreneuriat, et a déjà même son business plan sur papier, mais manque où toquer pour avoir les fonds de démarrage.
Depuis le début de son mandat, le président de la République démocratique du Congo a toujours trouvé des mots qui rassurent en ce qui concerne l’entrepreneuriat des jeunes et la création d’emplois, ce qui a abouti même à créer un fonds d’entrepreneuriat des jeunes. La question la plus simple et qui traverse les esprits de plus d’un congolais est de savoir, où serait ce fonds et que faut-il faire en bénéficier ? Difficile pour nous de répondre à cette question…
Au regard des aspects soulignés ici et tant d’autres, faudrait-il célébrer la fête de travailleurs en RDC ? Ou repenser autrement ?
Ces questions ont leurs intérêts dans notre manière de voir le travail.
Serge KABULU