RDC : La revalorisation du franc congolais passe par la diversification de l’économie nationale (Tribune de l’économiste Élie Tshimpanga)

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Depuis près de neuf ans déjà, l’économie congolaise, en dehors de sa fragilité habituelle, enregistre une descente aux enfers sans précédent avec au passage une monnaie en profonde dévaluation. L’un des indicateurs du coma de la monnaie nationale est le taux de de change dont la courbe de progression est toujours ascendante depuis 2015.

A ce jour, à l’indicatif le taux de change qui est en réalité le prix d’achat/de vente d’une monnaie ou mieux la valeur marchande d’une monnaie ou son équivalence en une autre est fixé à 2750FC à l’indicatif et 2850Fc sur les marchés parallèles pour 1 Dollar américain. Cette réalité est de nature à interpeller l’opinion publique et tout particulièrement les scientifiques dont la vocation est de proposer des solutions aux problèmes qui assombrissent l’avenir des sociétés, par le savoir éclairé.

C’est dans cette optique que l’auteur de la présente tribune propose la diversification du secteur économique comme clé pour la revalorisation du franc congolais.

En effet, la revalorisation désigne l’ensemble des mesures visant le redressement de la valeur d’une monnaie dont la dépréciation, mesurée par rapport à la monnaie d’un autre pays ou d’une valeur de référence (comme l’or) a été constatée. Ce terme  »révalorisation » semble le mieux indiqué pour décrire la situation actuelle de la monnaie congolaise.

Si la monnaie a été longtemps perçue uniquement comme intermédiaire des échanges, elle aussi dans l’approche évolutive considérée comme un bien que l’on porte sur le marché (de change). Dans cette dernière considération, il est de bon aloi qu’elle subisse, comme toute marchandise, la loi de l’offre et de la demande. Ce principe, l’un des plus connus des lois économiques institue la proportionnalité inverse entre quantités disponibles et prix des biens. Ce qui, autrement, soutient le postulat selon lequel toute abondance d’un bien sur le marché entraîne la baisse de son prix de vente.

Partant du principe de l’offre et de la demande, considérant que le taux de change est le prix de vente/achat d’une monnaie par rapport à une autre et considérant le cas de la RDC, il en découle que la monnaie qui connait de l’abondance est donc le franc congolais dont la valeur se déprécie conséquemment jour après jour. Et, celle dont la carence se constate est le dollar américain.

Face à une telle réalité, la méthode la plus simple qui saute aux yeux est d’une part d’accroître la quantité des dollars américains sur le marché de change et d’autre part de réduire sensiblement la quantité du franc congolais en circulation. Cependant, cette problématique est directement liée à la balance commerciale et celle de paiements qui reprennent respectivement les échanges commerciaux (Importations et exportations) et des engagements financiers d’un État (paiement dettes et recouvrement des créances). Si le recouvrement des créances et les exportations sont des moyens précieux pour ramener au pays des devises, les importations et les paiements des dettes aux tiers entraînent la fuite des capitaux vers l’extérieur.

Tout naturellement, il va de soi que les décideurs gouvernementaux et qui de droit prennent l’option d’envisager des politiques budgétaires et celles monétaires à même de rétablir l’équilibre souhaité. L’un des leviers pour la promotion de l’exportation réside dans la diversification de l’économie. Cette dernière contraste avec l’approche actuellement appliquée au pays qui fait reposer l’économie essentiellement sur la vente des produits bruts ou semi-finis issus de l’industrie extractive.

Non seulement les prix des matières premières sont fixés par les grands centres de négoce mais aussi ils sont fonction des besoins des principaux demandeurs éventuels, ce qui justifie qu’en cas de baisse de la demande et d’abondance de l’offre, les prix des matières premières baissent et que cela empêche au pays de rapporter à son économie les fonds nécessaires alors qu’entre-temps le pays importe même les produits de première nécessité qu’il n’arrive pas à produire suffisamment. La diversification de l’économie amènerait le pays à investir davantage dans le secteur industrialisant porteur d’effets d’entraînement sur plusieurs autres secteurs notamment l’agriculture, l’élevage, etc.

Cette initiative permettra au pays d’une part de couvrir son besoin en produits de première nécessité limitant ainsi le coulage des devises vers l’extérieur et d’autre part, de rapatrier davantage des fonds d’abord par l’exportation du sur plus des produits de première nécessité mais aussi par la vente à l’extérieur d’autres produits miniers. Des efforts considérables consentis dans cette approche devront aller jusqu’à stabiliser la monnaie sur une longue période et limiter les chocs issus des chamboulement des cours des matières premières.

Une monnaie forte est soutenue par une économie forte, dit-on, les autorités devront penser à fortifier davantage l’économie nationale en soutenant la production par la diversification de la gamme de ses produits pour ne pas davantage dépendre d’un seul produit.

Elie Tshimpanga Mutombo
Chercheur en Finances

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