RDC : Les Accords de Sun City, une étape charnière dans l’histoire politique du Congo (Tribune de Sul’a Sul Élie Aimé)

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Au cœur de l’Afrique du Sud, dans la station balnéaire de Sun City, s’est joué en avril 2002 un épisode déterminant de l’histoire politique de la République Démocratique du Congo (RDC). Sous la médiation du président sud-africain Thabo Mbeki et avec le soutien de l’Union africaine et de la SADC, les Accords de Sun City ont été signés dans le cadre du Dialogue intercongolais.

Pour le politologue congolais Sul’a Sul Élie Aimé, ces accords représentent « le moment où le Congo a tenté de transformer les armes en paroles, la division en réconciliation, et la guerre en transition politique. »

Un pays déchiré par la guerre

Depuis 1998, la RDC était le théâtre d’un conflit sanglant, souvent qualifié de « Deuxième Guerre du Congo », impliquant des groupes rebelles congolais et plusieurs puissances étrangères comme le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola et le Zimbabwe. Le pays était alors fragmenté, chaque faction armée contrôlant une portion du territoire avec le soutien d’armées extérieures.

C’est dans ce contexte explosif que le Dialogue intercongolais a vu le jour, avec pour ambition de rétablir l’unité nationale et de bâtir un cadre politique consensuel.

Les objectifs des accords : plus qu’un cessez-le-feu

Les pourparlers de Sun City visaient à :

Mettre un terme au conflit armé,

Réconcilier les forces politiques et militaires,

Établir une transition inclusive,

Organiser des élections démocratiques dignes de confiance.

Une transition marquée par le compromis

Le principal acquis de ces accords reste la formation d’un gouvernement de transition dirigé par Joseph Kabila, accompagné de quatre vice-présidents issus du MLC de Jean-Pierre Bemba, du RCD-Goma, de l’opposition et de la société civile. Il a été convenu de réunifier le territoire, de créer une armée nationale intégrée, et de préparer des élections générales, qui auront finalement lieu en 2006.

Une paix imparfaite, des critiques persistantes

Cependant, comme le souligne Sul’a Sul, les Accords de Sun City n’ont pas été signés par tous les acteurs politiques, notamment l’UDPS d’Étienne Tshisekedi, ce qui a fragilisé leur portée nationale. De plus, beaucoup ont dénoncé un « partage du gâteau » entre anciens chefs de guerre, avec peu de considération pour les victimes du conflit.

La persistance de la violence à l’Est du pays, notamment en Ituri et au Nord-Kivu, illustre les limites de cette paix négociée. Les processus de désarmement et d’intégration des groupes armés dans l’armée nationale ont été partiels, voire fictifs.

Un tournant historique, mais pas une solution miracle

Les Accords de Sun City ont néanmoins permis de poser les jalons de la Troisième République congolaise. Pour Sul’a Sul Élie Aimé, « ils restent un symbole de ce que le dialogue peut offrir, même dans les pires impasses. Mais sans justice, sans inclusion réelle, la paix reste précaire. »

Plus de vingt ans après, la RDC continue de faire face à des défis sécuritaires, politiques et institutionnels majeurs. Mais Sun City demeure un marqueur incontournable de la quête congolais pour la paix et la démocratie.

Se/Sul’a Sul Elie Aimé

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