Le Maire de la ville de Mwene-Ditu, Gérard Tshibanda Kabwe, est sous le feu des critiques après avoir suscité la colère des médias locaux. En effet, l’autorité urbaine a pris la décision d’ordonner l’arrestation d’Ally Clovis Kaseba, Directeur des programmes de la Radio Nsenda Muana, qui est également correspondant du média en ligne d’information Lomamiinfos.net.
Cette arrestation a eu lieu ce mardi 4 février 2025, à la suite d’un reportage diffusé sur la Radio Nsenda Muana, chaîne où Clovis Kaseba occupe le poste de Directeur.
Ce reportage mettait en lumière les opinions des habitants de Mwene-Ditu concernant la gestion de la ville de Mwene-Ditu par Gérard Tshibanda Kabwe, des opinions qui n’auraient pas été bien accueillies par l’Autorité, estimant, semble-t-il, que cela portait atteinte à son administration et contribuait à la désinformation de la population.
Cette situation a déclenché un débat sur la liberté de la presse et soulève des questions sur la gestion des critiques par les autorités locales.
Que disent les habitants dans ce reportage ?
En effet, le 28 janvier dernier, la rédaction de la RSM a mené un vox pop au cours duquel des résidents de la ville se sont exprimés sur le bilan du Maire depuis son accession à la tête de la ville, le 13 mars 2023.
Les opinions recueillies lors de cet exercice d’évaluation publique ont mis en évidence que certains citoyens trouvent le bilan de Gérard Tshibanda Kabwe plutôt négatif. Parmi les principaux griefs exprimés, figurent les poches d’insécurité, un certain manque d’initiatives en faveur du développement local, ainsi qu’une augmentation significative des taxes, toutes problématiques pour le quotidien des habitants.
À l’inverse, d’autres voix se sont élevées pour reconnaître des progrès réalisés sous son mandat, tout en soulignant qu’il y a encore diverses améliorations à apporter dans plusieurs secteurs clés pour atteindre un progrès équilibré et durable de la ville.
Malgré ces retours constructifs, il semble que cette critique publique n’a pas été du goût du maire. En réaction, il a donné instruction à la police de mettre en détention le Directeur des programmes qui du reste ne s’était pas chargé de cette enquête, plutôt ses journalistes.
Pourquoi le point de vue du Maire fait-il défaut dans ce reportage ?
Comme tout journaliste qui s’efforce de respecter les normes de professionnalisme, il est évident que l’avis du maire ou de l’un de ses proches collaborateurs est essentiel pour un reportage équilibré. Cependant, les récentes enquêtes de Lomamiinfos.net montrent qu’il devient de plus en plus difficile d’obtenir des informations directement du maire, car l’accessibilité semble restreinte à une certaine catégorie de médias considérée comme favorable à l’administration.
Certains journalistes interrogés ont rapporté que l’Autorité urbaine avait, à deux reprises, refusé de leur accorder une interview, prétextant qu’elle ne souhaitait pas s’exprimer sur certaines radios locales, qualifiées par son entourage de « mille collines ». Cette situation soulève des questions sur la liberté d’accès à l’information et la diversité des voix médiatiques dans la région.
De la police au bureau du maire jusqu’au cachot de la mairie, une scène qui jette le discrédit sur le maire ?
Convoqué à deux reprises par la police nationale congolaise de la ville de Mwene-Ditu, c’est ce mardi matin à 9 heures précises que Clovis Kaseba s’est rendu de son plein gré aux locaux de la PNC. Lors de cette entrevue, il a été retenu jusqu’à 16 heures l’après-midi, moment où il a été sommé de se présenter au bureau du Maire de la ville.
Ce dernier, jouant à la fois le rôle de juge et de victime dans cette affaire, a réprimandé notre confrère d’un ton sévère, comme s’il était un enfant pris en faute. Après ce blâme, il a exigé de l’officier de police judiciaire qu’il accomplisse son devoir, même si les accusations portées contre Clovis Kaseba restaient vagues et sujettes à interprétation.
Le Maire a ainsi ordonné l’arrestation de Kaseba, plongeant cette affaire dans un flou judiciaire qui laisse entendre que les charges imputées n’ont pas été clairement établies.
Doit-on se méfier de critiquer la gestion des autorités dans un pays démocratique ?
L’arrestation d’Ally Clovis Kaseba soulève de vives préoccupations concernant l’état de la liberté de la presse et de la liberté d’expression dans la ville de Mwene-Ditu.
En effet, alors que la gestion du Président Félix Tshisekedi et celle du Gouverneur de province Iron-Van Kalombo font l’objet de critiques croissantes de la part des populations locales, il semblerait qu’une nouvelle forme d’autorité cherche à se mettre en place à l’encontre des journalistes.
Ces derniers, pourtant, jouent un rôle essentiel dans la démocratie en tenant le public informé et en s’assurant que les responsables politiques rendent compte de leurs actions. La réaction du maire face à une évaluation critique de son bilan peut être interprétée comme une tentative de museler la liberté des médias et de décourager les journalistes de poursuivre leur mission d’information.
Alors que notre confrère s’apprête à passer sa première nuit en détention ce mardi, cet événement met en lumière l’importance cruciale d’un environnement médiatique libre et ouvert, qui est fondamental pour le bon fonctionnement de toute démocratie. Cette situation devrait inciter à une réflexion profonde sur les mesures à prendre pour garantir la liberté de la presse, élément essentiel à la vie démocratique.
Rédaction