Lomami : « De Tshilejelu à PRODAN, que des promesses semées et de la déception récoltée, des projets mort-nés de Kinshasa sont enterrés à Lomami»

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Un an et six mois, presque jour pour jour, après le lancement en fanfare du projet PRODAN (Parc agro-industriel de Ngandajika) par l’ancien ministre de l’Agriculture, José Mpanda Kabangu, la réalité sur le terrain est loin des promesses portées par ce programme présenté comme la vitrine du redressement agricole en RDC.

Annoncé en grande pompe le 12 novembre 2023 comme la phase pilote d’un ambitieux programme de 22 parcs agro-industriels à travers le pays, le PRODAN, censé impulser une révolution agricole dans la province de Lomami, s’est depuis mué en une coquille vide, alimentant frustration, colère et suspicion au sein des populations locales et de la société civile.

Un désert là où l’on promettait l’abondance

« Où sont passés les 750 000 bénéficiaires directs et les infrastructures structurantes promises ? Où sont les routes agricoles, les usines de transformation, les emplois ? », s’insurge Jonas Mutombo, agriculteur de Ngandajika.

À l’entrée du site supposé abriter l’agropole, c’est le silence de la brousse qui répond. Aucun chantier en vue, ni machines agricoles, ni même panneaux indicateurs.

La population, jadis mobilisée par l’annonce de ce « nouveau départ », se sent trahie.

« On nous avait promis la fin de la pauvreté ; aujourd’hui, c’est la misère qui s’aggrave », dénonce Maman Julie, cultivatrice de maïs.

Un projet monté sur du sable ?

Le financement semblait pourtant solide : 71,21 millions de dollars de la BAD, 22,52 millions promis par le gouvernement congolais, et un partenariat annoncé avec la société Arise. Mais depuis, aucun rapport d’exécution clair, aucun audit public, aucune transparence sur le décaissement ou l’utilisation de ces fonds.

Le spectre de Bukanga-Lonzo plane toujours

Ironie du sort : en 2023, José Mpanda rassurait que le PRODAN « ne sera jamais un Bukanga-Lonzo bis ». Presque un an et demi plus tard, les similitudes sont frappantes : aucune communication sur le financement extérieur ou intérieur.

Les critiques estiment que la gouvernance de Félix Tshisekedi multiplie les projets de façade, sans réelle mise en œuvre.

« De la Zone économique spéciale de Maluku à PRODAN, en passant par les routes agricoles fantômes, c’est toujours le même théâtre : des annonces pour les caméras, rien pour les populations », accusent les Gantois.

Société civile et citoyens en colère

À Ngandajika, la frustration monte. Les jeunes se sentent abandonnés. Des mouvements citoyens envisagent des actions de terrain pour exiger un audit indépendant du projet PRODAN.

La province de Lomami semble devenir un cimetière de projets présidentiels non aboutis. Pour de nombreux habitants, la gouvernance de Félix Tshisekedi dans cette partie du pays est synonyme de promesses trahies.

« Nous ne sommes pas le laboratoire de l’échec gouvernemental. Que le chef de l’État vienne voir ce qu’il reste de ses rêves ici. Le projet Tshilejelu à Mwene-Ditu et Kabinda ? Même chanson », interpelle un autochtone.

Signalons que le PRODAN devait incarner une vision moderne et inclusive de l’agriculture congolaise. Plusieurs mois plus tard, il ne reste que les souvenirs d’un ministre… et une population encore plus appauvrie. Ngandajika attend toujours le miracle.

Serge Kabulu

Lomamiinfos

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