L’onde de choc provoquée par les sanctions infligées au Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et à son autorité morale, Joseph Kabila, continue de secouer la scène politique congolaise. La saisie de ses biens, la suspension de son parti sur toute l’étendue du territoire national et l’activation des gouverneurs pour exécuter la mesure — tout semble indiquer une rupture nette avec le passé. Mais faut-il y voir une purge politique justifiée ou une vendetta maquillée ?
Ces mesures ont été prises à la suite du présumé séjour de l’ancien président à Goma, en pleine zone rouge sous contrôle de la rébellion. Pourquoi choisir une telle destination au lieu d’une entrée officielle par Kinshasa ? Pour les autorités actuelles, cela ne fait plus aucun doute : Joseph Kabila n’est plus un simple retraité politique, mais un acteur soupçonné de connivence avec les forces qui saignent l’Est du pays.
La réaction du gouvernement congolais est à la mesure de cette « trahison » : rigoureuse, rapide, radicale. Faut-il s’en étonner ? Pas vraiment. En 2013, Kabila, alors président, avait ordonné lui-même la suspension des activités du RCD-N, reprochant à Roger Lumbala son soutien présumé à une rébellion armée. Aucun cadre du RCD ne s’était alors indigné, et l’opinion nationale avait salué la fermeté du chef de l’État.
Aujourd’hui, les rôles sont inversés. Et soudain, ceux qui maniaient la loi comme une épée dénoncent aujourd’hui son usage comme une injustice. Mais la vérité est plus crue : ce que le PPRD subit aujourd’hui est le miroir exact de ce qu’il a infligé hier. C’est une logique de retour à l’envoyeur.
Certains évoquent une atteinte à la démocratie, une dérive autoritaire. Peut-être. Mais peut-on encore parler de démocratie lorsqu’un ancien chef de l’État semble fricoter avec les fossoyeurs de la nation ? Le PPRD paie le prix d’un système qu’il a contribué à bâtir, puis à légitimer pendant près de deux décennies. La machine à détruire qu’il avait mise en place tourne désormais contre lui.
De Mobutu à Kabila, l’histoire congolaise est rythmée par les destins des partis présidentiels : nés avec le pouvoir, ils disparaissent avec lui. Le MPR s’est évaporé après Mobutu. Le PPRD, né avec l’accession de Joseph Kabila, suit visiblement le même chemin.
Est-ce une purge ? Oui, sans doute. Mais c’est surtout une purge de l’Histoire. Et celle-ci, comme toujours, ne fait pas de cadeau.
Onesime Tshiunza Tshibangu