Deux affaires judiciaires secouent l’Afrique en ce mois de mai 2025, et elles ont un point commun : elles concernent deux anciens présidents autrefois perçus comme intouchables.
En Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz a été condamné en appel à 15 ans de prison pour corruption. En République Démocratique du Congo, Joseph Kabila pourrait bientôt être poursuivi, alors qu’une commission spéciale du Sénat examine la levée de son immunité parlementaire.
L’affaire Aziz, marquée par des accusations de détournement de fonds publics et de blanchiment, a abouti à une lourde peine confirmée par la cour d’appel début mai. L’ancien président, qui a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019, a été reconnu coupable d’avoir amassé illégalement une fortune estimée à plus de 70 millions de dollars. Ce jugement est salué comme un signal fort contre l’impunité, même si certains y voient une justice à deux vitesses.
À Kinshasa, c’est le nom de Joseph Kabila qui domine les débats politiques. L’ex-chef de l’État, resté influent depuis son départ du pouvoir en 2019, est accusé par le gouvernement d’avoir entretenu des liens avec le M23, groupe rebelle responsable de crimes de guerre dans l’est du pays. Le 15 mai, le Sénat a levé le huis clos autour de la question et formé une commission spéciale pour examiner la levée de son immunité parlementaire dans un délai de 72 heures. Les avis sont partagés : certains sénateurs invoquent l’article 224 du règlement intérieur pour demander un vote en Congrès.
Si cette procédure aboutit, la RDC pourrait, à l’image de la Mauritanie, ouvrir un nouveau chapitre dans la justice post-pouvoir. Mais la démarche soulève aussi des suspicions de manœuvre politique dans un contexte de tensions croissantes entre Tshisekedi et Kabila.
Une chose est claire : 2025 marque un tournant sur le continent. Les anciennes immunités s’effritent, et les peuples, de Nouakchott à Kinshasa, demandent des comptes à leurs anciens dirigeants. Une tendance appelée à s’amplifier ?
Elie TSHIMPANGA